Dans le Journal de la Petite Patrie du 27 janvier 2015 (bit.ly/Croteau2014), le maire François Croteau dresse son bilan de réalisations pour 2014 et réfute la situation d’embourgeoisement ainsi que la crise du logement qui sévissent dans le quartier. Notre expertise a cependant montré tout le contraire. ­­

Le Comité logement de la Petite Patrie a démontré à plusieurs reprises et avec de nombreux exemples à l’appui l’embourgeoisement du quartier et ses effets néfastes sur les locataires. Personne n’a contesté nos données lorsque nous avons montré, avec le Laboratoire Urbain de l’Université Concordia, que l’embourgeoisement s’est manifesté notamment par la transformation de 3287 logements locatifs du quartier en copropriétés (lire L’érosion du parc de logements locatifs dans la Petite Patrie, 2014). Des études universitaires récentes en sont venues aux mêmes conclusions : les ménages plus aisés délogent les ménages locataires moins fortunés et la Petite Patrie s’embourgeoise à bonne vitesse. Parmi ces études, mentionnons Une métropole à trois vitesses? 
Bilan sur les écarts de revenu dans le Grand Montréal, 1970-2005 (2013) et La gentrification de La Petite-Patrie. Quelle place et quel pouvoir pour les aînés ? (2011). En niant cette réalité, le maire s’empêche d’agir et contribue de la sorte au déplacement de la population vulnérable de la Petite Patrie.

Paradoxalement, le maire ose vanter son administration pour la mise en place de solutions à un problème qu’il ne reconnaît pas. Notre premier malaise est que, mis à part l’implantation de normes concernant les grands logements au rez-de-chaussée pour les constructions nouvelles, les autres mesures supposément mises en place n’existent pas à l’heure actuelle. Le rehaussement du pourcentage d’inclusion de logements sociaux demeure une promesse électorale et l’arrondissement n’a implanté aucune mesure de protection des logements locatifs face au phénomène de l’indivision. Enfin, concernant l’insalubrité dans les logements, nous attendons toujours un plan d’action qui devait nous être présenté en mai 2014.

Notre plus grand malaise face à ce bilan du maire vient du fait qu’il nous a répété à maintes reprises durant cette même année n’avoir aucun pouvoir pour règlementer la transformation du parc locatif en copropriétés indivises. Or, dans son bilan, il se vante d’intervenir en la matière ! C’est ce que nous appelons un double discours.

En terminant, nous espérons que le maire reconnaisse les nombreux problèmes de logement et de pauvreté engendrés par le phénomène d’embourgeoisement de la Petite Patrie et qu’il s’engage fermement pour stopper l’exode des locataires du quartier.