Le Comité logement de la Petite Patrie s’oppose à la démolition de trois immeubles à logements du quartier laissés à l’abandon par leur propriétaire. Cette pratique consistant à laisser les immeubles à l’abandon pour les démolir et les convertir en condo est inacceptable et ne doit pas recevoir l’approbation des élu.es et des instances locales.

Voici la lettre que nous avons envoyé aujourd’hui à l’arrondissement. Vous pouvez aussi exprimer votre opposition en contactant le secrétaire d’arrondissement à l’adresse <greffe-rpp@montreal.ca> avant le 14 octobre.

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Montréal, le 8 octobre 2020

Secrétaire d’arrondissement
Arrondissement de Rosemont-La Petite-Patrie
5650 D’Iberville, 2ème étage
Montréal, QC
H2G 2B3

À qui de droit,

La présente est pour signifier l’opposition du Comité logement de la Petite Patrie à la démolition des immeubles situés aux 61-63 et 67-69 St-Zotique Ouest, ainsi que 6964 St-Dominique.

En regard aux critères légaux prévus par la loi, nous sommes d’avis que la démolition de ces immeubles ne doit pas avoir lieu, pour les raisons suivantes :

Les besoins des locataires vulnérables ou à faible revenu : Ce secteur connaît une grande perte de logements locatifs depuis quelques années. Il en résulte un embourgeoisement (gentrification) qui chasse les locataires du quartier de la Petite Patrie. Nous déposons en preuve une étude réalisée en collaboration avec le Laboratoire Urbain de l’Université Concordia, sous la direction du professeur Ted Rutland. Cette étude produite en avril 2015 montre que, dans les dix dernières années, le secteur Marconi-Alexandra affichait une proportion de 87% de logements locatifs, qui baisse drastiquement à 57% de logements locatifs en 2015. Les mêmes problématiques sont constatées dans le secteur de la Petite Italie. Cette baisse de ménages locataires, en particulier des ménages locataires plus vulnérables, s’est principalement réalisée par la conversion en copropriétés du parc de logements locatifs. La démolition des immeubles, comme dans le cas qui nous préoccupe ici, fait partie de la stratégie de conversion du parc locatif en copropriétés et contribue à la perte de logements locatifs et à l’embourgeoisement du quartier.

Le voisinage direct des immeubles sur St-Zotique est parlant, comme en témoigne l’immeuble au 90 St-Zotique Ouest, qui abritait une trentaine de ménages locataires très vulnérables, tous délogés lors de la rénovation de l’édifice au début des années 2010. Avec tous les spots zoning que l’arrondissement a accordé au début des années 2000 dans le secteur Marconi-Alexandra, il nous est particulièrement douloureux de constater que les ménages locataires vulnérables (personnes seules, personnes âgées, familles monoparentales, personnes issues de l’immigration, etc.) de Marconi-Alexandra et de la Petite Italie ont pour la grande majorité perdu leur logement dans des opérations immobilières spéculatives. Nous souhaitons sensibiliser le service d’urbanisme, les conseillers municipaux et le maire à cette réalité qui contribue à la perte de logements locatifs, à l’appauvrissement et l’exode des locataires vulnérables, et à la perte du tissu social diversifié du quartier.

Le préjudice causé aux locataires : Dans le contexte de la grande perte de logements locatifs des secteurs Marconi-Alexandra et de la Petite Italie, les ménages locataires qui habitaient les trois duplex visés par une démolition n’habitent certainement plus le quartier. En effet, nous avons visité les locataires au 61-63 et au 67-69 St-Zotique en 2017, ainsi que les locataires au 6964 St-Dominique en 2018. Ces locataires ne souhaitaient pas déménager de leur logement, mais ils nous ont fait part de leur inquiétude à l’effet que leur propriétaire ne faisait pas les travaux d’entretien réguliers de l’immeuble et que leur logement se dégradait. Il est plus que certain que les locataires n’habitant plus ces immeubles et qui les ont probablement quitté suite à des pressions de leur propriétaire, ou suite à l’insalubrité de leur logement, ne se sont pas trouvés de logement abordable dans les environs.

Nous constatons par ailleurs que la très grande majorité des avis d’éviction ou de reprise que reçoivent les locataires et qui nous contactent sont frauduleux ou malveillants, selon les résultats d’une enquête que nous avons mené durant cinq années, et dont nous publierons bientôt les résultats.

En accordant la démolition de ces immeubles, les autorités municipales se retrouveraient à cautionner les comportements malveillants des propriétaires qui ne répondent pas aux demandes de réparation faites par les ménages locataires et usent de tactiques frauduleuses pour obtenir le départ des locataires qui résistent aux pressions.

L’état de l’immeuble visé par la demande. À notre connaissance, les trois immeubles projetés pour une démolition présentent certes des problématiques au niveau du cadre bâti, mais sont dans un état qui ne justifie pas une démolition. Lors de nos visites en 2017 et 2018, ces immeubles étaient dans un meilleur état. En accordant la démolition de ces immeubles, les autorités municipales se retrouveraient à cautionner les comportements malveillants des propriétaires qui laissent leur immeuble à l’abandon dans le but de faire une opération immobilière spéculative.

Pour toutes ces raisons, nous demandons respectueusement au Comité consultatif d’urbanisme de l’arrondissement Rosemont-La Petite-Patrie de rejeter les demandes de démolition pour les immeubles situés au 61-63 et 67-69 St-Zotique Ouest, ainsi qu’au 6964 St-Dominique.

Comité logement de la Petite Patrie

514-272-9006  /  clpp@bellnet.ca  /  6839A rue Drolet, 2e étage